Le lin
... Avant que le développement industriel et urbain ne laisse plus à la campagne que le charme de la nostalgie, avant que les travaux agraires n’aient le goût de paradis perdus et que les souvenirs lointains de cette vie rurale ne soient l’objet d’études ethnographiques ... les fibres utilisées pour se vêtir, emballer, ficeler, protéger, parfois même écrire étaient extraites de végétaux ou de poils d’animaux.
Le lin était déjà connu 2 400 ans avant J.-C. en Mésopotamie, en Assyrie et en Egypte. Les bandelettes qui entouraient les momies étaient en lin. D’après Virgile, les gaulois auraient fait connaître la culture du lin aux Romains et Pline signalait que ces derniers utilisaient le lin pour faire leurs voiles
Il est magique de voir la tige se transformer en filasse, puis la filasse en fil. Les démonstrations qui peuvent en être faites montrent un public étonné de voir les fibres apparaître de la tige, séduit en caressant les torches de filasse, les rubans de fibres peignées et impressionné en mesurant la résistance des fils produits. C’est d’ailleurs en raison de cette résistance que sont fabriqués en lin autant les fils chirurgicaux que de nombreux tissus techniques et cordages. Ne disait-on pas qu’un drap de lin pouvait accompagner quatre générations ?
Caractéristiques du lin :
Le lin est composé de 72 à 82% de cellulose, de 15 à 20% de pectone et de 2 à 3% de cire. Il absorbe l’eau mais celle-ci s’évapore rapidement. Sa fibre est longue de 5 à 20 cm et plus ; sa finesse est très grande, son élasticité faible et sa souplesse moyenne. Il est brillant et soyeux, bon conducteur de chaleur et les tissus réalisés à partir de cette plante sont agréables et frais à porter.
C’est dans la région du nord de notre pays que se trouvent la majorité des lins blancs, les gris viennent, eux, de la Bretagne, quant aux roux, nous les devons à la Picardie et à la Normandie.
La tige du lin textile est droite, dressée, cylindrique, haute de 0,80 m à 1,20 m, d’un diamètre de 1 à 3 mm, sa racine est pivotante et courte. ses fibres sont disséminées par faisceaux dans une couronne péricyclique, dite « liber » qui entoure la partie interne ligneuse de la tige.
Les lins oléagineux sont plus courts, plus clairsemés, plus ramifiés ; leurs fibres sont plus rares, plus friables, plus grossières que celle des lins textiles moins riches en graines et produisant donc moins d’huile.
La culture et la récolte du lin :
Le lin est semé vers mars-avril et sort de terre en mai mais ses petites fleurs bleues ne verront le jour qu’en juin. La maturité de la plante est atteinte en juillet, elle sera alors arrachée ( et non coupée ). La transformation en fibres débutera en juillet-août par l’opération de rouissage. Les pailles ainsi préparées seront stockées au sec en août-septembre.
« Le lin fait trembler son maître 7 fois entre les semailles et la récolte » dit le dicton. Cette culture demande, en effet, beaucoup de soins. Le lin est attaqué par un champignon qui dessèche les racines, brunit les feuilles et occasionne la « brûlure du lin ». La température et les conditions plus particulières du temps au mois de juin influent beaucoup sur la qualité finale de la fibre. L’arrachage a lieu, selon les conditions climatiques, 16 à 17 semaines après les semailles.
Une fois récoltée, cette plante doit être battue (comme le blé). Pour cela, sur une plate-forme, on étend un drap où les bottes de lin seront arrimées. On les dispose de façon à constituer deux rangées, tout en disposant les capsules renfermant les graines au centre. Une pièce de bois assez lourde sera posée sur les tiges, pour les empêcher de se déplacer pendant l’opération.
Le fléau est formé de deux bâtons de bois qui s’articulent grâce à un harnais en cuir qui les unit et leur permet de tourner librement.
A chaque extrémité d’une des rangées de lin, les batteurs prennent place et, tour à tour, battent les capsules renfermant les graines. Les tiges seront ramassées en vue de l’opération de chauffage. Quant aux graines, elles seront précautionneusement ramassées dans la couverture pour le vannage qui séparera les déchets volatils ( le son) de la graine.
Il est à noter que souvent au XVIII° et au début du XIX°, on battait le lin avec une simple gaule taillée dans une jeune pousse de châtaignier ou de chêne. Cette pratique se faisait au mépris des plantations qui étaient parfois saccagées pour obtenir la matière première nécessaire. Et ceci, à tel point, que les autorités départementales s’en émurent suite à de nombreuses plaintes qui furent déposées. Si bien que le Préfet de Loire-Inférieure au début du XIX° dut prendre un arrêté « Il est fait défense à tout cultivateur de battre ses grains avec des gaules ». Le tout accompagné des mesures et des sanctions à appliquer à tous les contrevenants, le présent arrêté ayant été imprimé et diffusé dans toutes les communes du département.
Cultiver du lin, c’est bien joli, mais comment confectionner un tissu ?
Plusieurs opérations sont nécessai-* res :
- - LE ROUISSAGE :
C’est une opération qui consistait à immerger la plante dans l’eau pendant plusieurs jours. Son but est de décoler la fibre (faisceau de fibrilles) de l’aubier ( bois de la tige) en dissolvant le ciment (pectose) qui le lie. Cett fermentation se fait grâce à un bacille appelé amylobacter. Or ce bacille est anaérobique, il prend donc l’oxygène dont il a besoin dans l’eau dans laquelle la plante est trempée. La réaction détruit donc le liant entre fibre et aubier. Ce bacille qui vit en temps ordinaire sous terre à une certaine profondeur est apporté dans la plante par ses racines. C’est la raison pour laquelle, nous vous l’avons dit plus haut, le lin doit être arraché ET NON COUPE. Les techniques modernes ont permis de se libérer de cette contrainte. Mais cette opération de « trempage » avait des inconvénients pour la faune et la flore aquatique, la disparition de l’oxygène de l’eau n’était pas sans conséquences. En outre, les odeurs nauséabondes se faisaient remarquer loin à la ronde.
Ce phénomène a provoqué très tôt des réactions de la part des autorités. C’est en ... août 1669 qu’est connue la première ordonnance traitant du sujet. Bien d’autres arrêts seront promulgués avant que les lois d’août 1790 et juillet 1791 ne viennent renforcer la réglementation. Mais c’est surtout au début du XIX° siècle que les arrêtés (notamment préfectoraux) seront légion puisqu’ils seront parfois l’objet de volte-faces spectaculaires sur les directives données. Ainsi le 18 juin 1840, le Préfet de L. I. écrivait : « L’intérêt général qui doit toujours guider l’Administration, quoiqu’elle soit encore obligée de le concilier le plus possible avec l’intérêt particulier, exige que le rouissage du chanvre et du lin ne soit pas totalement interdit ». Après avoir reconnu un an plus tard que les mesures répressives liées au rouissage « ont dépassé le but, en imposant des conditions qui rendaient impossible cette utile culture » et s’être demandé « jusqu’où devaient s’étendre les limites de sa sévérité », il traite d’un ouvrage qu’il qualifie lui-même d’extrêmement ramarquable et dans lequel on peut lire : « 1° Les exhalations fétides dues au rouissage du chanvre n’ont aucune influence fâcheuse sur la santé ; 2° Les eaux des routoirs peuvent être bues sans danger par les hommes et les animaux quelque infectes qu’elles soient ( mais oui, vous avez bien lu) ... 5° L’eau corrompue et stagnante des routoirs perd son odeur infecte et reprend sa limpidité quatre ou cinq semaines après qu’on y ait déposé du chanvre ».
Ces préambules terminés, les articles suivants assoupliront la réglementation sur les manières autorisées de procéder au rouissage.
Quelques techniques de rouissage :
a) - Rouissage à terre : Les tiges avec leurs graines étaient laissées sur le sol afin que s’y développe, grâce à l’alternance du soleil, de la rosée et des pluies, une fermentation fongique qui permettait le décollement de la couronne fibreuse du bois central (opération qui durait de 3 à 5 semaines). Cette méthode était plutôt appliquée pour les lins de basse qualité.
b) - Rouissage en eaux courantes : Le lin est alors immergé. Il fallait déplacer des pierres dans le cours des fleuves ou rivières pour créer des barrages artificiels et lester les bottes de lin (sources de nombreux différends). Ce procédé qui donnait d’excellents résultats était dû essentiellement à la qualité de l’eau peu calcaire, exempte de sel et de fer qui favorisait le développement du bacille. En contre-partie il impliquait une forte pollution des eaux. La technique d’immersion consistait dans un premier temps à mettre le lin en bottes. Celles-ci étaient liées deux par deux de manière à ce que la tête de l’une voisine avec le bas des tiges de l’autre ; cela formait un « bonjeau » d’un poids voisin de 8 kg. Ces derniers étaient placés verticalement dans des ballons ou caisses en bois à claire-voie, ouvertes sur le dessus et sur un côté, contenant 1200 à 1600 kg de lin. On entassait les bottes et on couvrait le tout de paille. Pour empêcher le tout d’être emporté par les courants, on chargeait l’ensemble avec de lourdes pierres jusqu’à ce que le tout soit complètement immergé.
c) - Rouissage en eaux dormantes : Le lin était placé dans des trous plus ou moins prévus à cet effet. De très fortes odeurs nauséabondes se dégageaient. Dans tous les cas, ce procédé, très efficace et qu’il fallait parfaitement maîtriser, amenait une forte pollution des eaux. Il fut progressivement abandonné en raison de la nécessité de changer souvent les eaux stagnantes pour éviter le développement de ferments putrides, dangereux pour les animaux.
d) - Rouissage chimique : Il avait deux objectifs : diminuer le temps de rouissage classique et éviter la pollution des eaux. Plusieurs techniques furent, là encore, employées. L’un e d’entre elles consistait à tremper les bottes dans un mélange d’eau et d’acide sulfurique, peu acide qui était souvent agité. Elle donnait de bons résultats mais était particulièrement fastidieuse puisqu’il fallait plonger les bottes à plusieurs reprises, les retirer et les égoutter à chaque fois. Il fallait en outre laver impérativement ces bottes à l’eau claire avant chaque immersion. Un rinçage final dans une préparation alcaline faite d’eau, de potasse ou de soude assez peu concentrée était indispensable.
- LE CHAUFFAGE :
Avant de passer à l’étape suivante, les tiges de lin devaient être très sèches. Dans nos campagnes, on utilisait parfois les fours à pain, sinon un foyer de briques ou de pierres était dressé. Le feu, une fois allumé, était étouffé en l’aspergeant d’eau à intervalles réguliers à l’aide d’un balai de genêts pour qu’il ne prenne pas trop d’ampleur. La botte de lin était alors posée en travers du foyer en veillant à ne pas trop le couvrir, de manière à pouvoir vérifier qu’elle ne s’enflamme pas. Elle est retournée souvent afin de régulariser la chauffe. Cette opération est terminée lorsque la chènevotte (coeur de la tige de couleur blanche) tombe facilement et ne colle pas à la filasse quand on gratte une tige de lin chauffée avec l’ongle. Le lin est alors prêt pour l’opération suivante : le broyage.
- LE BROYAGE :
Appelé également « brayage », « brisage » ou « macquage », cette opération consistait à briser la partie centrale de la tige en petites particules afin de la débarrasser de sa partie ligneuse. On la pratiquait avec un instrument en bois qui ressemblait à un grand hachoir à tabac. La « broie », « braye » ou « macque » apparaît à la fin du Moyen-Âge ; il s’agissait généralement d’une portion de tronc d’arbre évidé dans lequel s’abattait un ou plusieurs couteaux généralement de bois puis par la suite en métal. Cet outil qui est toujours resté rudimentaire dans notre région a parfois, ailleurs, été adapté pour devenir un objet d’art ou d’ameublement. Le musée de Léningrad détient un squelette de tête de cheval qui aurait servi à cet usage. Par ailleurs, de véritables petits meubles ont été créés pour subvenir à cette fonction. Mais cette tendance faisait alors suite à une utilisation de la broie à l’intérieur de la maison d’habitation alors que dans nos régions, cette opérations’est toujours déroulée dans la grange. A noter également que parfois, notamment en Angleterre, cette opérati on était effectuée par battage entre une pierre unie et un maillet. On parlait alors de « pierre à lin ».
LE TEILLAGE
Ce traitement achevait la séparation de la filasse et du bois. Après éjection, on obtenait du bois en particules appelé anas et une filasse en brins parallèles. Avec les anas, étaient également éjectées des fibres courtes, récupérées ensuite par triage : les étoupes de teillage.
Là aussi, avant d’avoir recours à la machine, l’homme a procédé manuellement. Cela se pratiquait à la veilée, au moment où il était difficile de faire autre chose. Le teillage avait pour but de finir d’enlever l’écorce appelée « teille » (d’où le nom de l’opération). Jusqu’à la fin du Moyen-Age, on utilise une pierre couverte de cuir (pour ne pas abîmer la fibre), un morceau de bois, une sorte de marteau ou une badine. Il est vraisemblable que les premiers utilisateurs de lin se contentaient de l’écraser en portant des morceaux de bois aux pieds, ou encore en le faisant piétiner par les animaux.
Puis la force animale vint, elle aussi, au secours de l’homme. Des manèges furent créés. Le cheval ou le boeuf faisait tourner une meule qui broyait les tiges.
La machine représentée ci-dessous, d’un principe extrêmement simple, vint plus ta rd. Le lin mis en poignées est encastré dans un montant appelé « poisset » et la paille est battue par une sorte de couteau non coupant appelé « écang ». Au cours de l’opération, la chènevotte tombe et la fibre débarassée de sa paille prend le nom de filasse.
- L’ECOCHAGE :
L’écocheur est un moulin à bois actionné par une manivelle qui frappe le lin et libère la chènevotte qui s’envole au vent, ce qui consiste à séparer mécaniquement les fibres textiles des parties ligneuses de la plante. Cette pratique assouplit la filasse pour simplifier le peignage.
Ces dernières opérations permettaient d’extraire :
la filasse (fibres longues) qui servait à la fabrication des tissus de qualité 100% lin, ainsi qu’en mélanges pour divers linges de maison, l’habillement et l’ameublement.
les étoupes (fibres plus courtes) utilisées pour la fabrication de tissus plus grossiers et dans la corderie.
les anas (fibres encore plus courtes) actuellement utilisés pour la fabrication de panneaux a
gglomérés en menuiserie et en combustibles.
les déchets qui seront reconstitués en tourteaux.
- LE PEIGNAGE ET LE CARDAGE :
Grâce à ces deux techniques, on était en mesure de démêler et de paralléliser les fibres. En outre étaient définitivement ôtées les chènevottes (parties ligneuses du lin).
Ensuite, il faut mettre en forme la fibre textile
Dresser la quenouille : Tout un art que maîtrisaient nos grand-mères, et pourtant il ne s’agissait que de garnir un support, souvent une tige de bois, d’une grosse poignée de filasse. Mais essayez-donc, vous verrez qu’il faut un minimum de pratique. C’est peut-être pour cela que différents modèles de quenouilles ont été créés par l’homme mais le plus adapté pour le lin était la quenouille lanterne.
- LE FILAGE :
La première opération était appelée sérançage. Elle consistait en une séparation grossière de la filasse. Venait ensuite le filage proprement dit pour obtenir le fil à tisser.
Plusieurs techniques existaient :
le fuseau : Généralement taillé dans du bois dur, il était aisé de fabrication et donc très peu onéreux. Certains réalisés en os joingnaient rationalité et art. Des fuseaux beaucoup plus fins furent réalisés pour la confection de dentelles sur coussin. Certains étaient fabriqués dans différentes matières : laiton, fer, étain, argent, voire même en verre et pouvaient parfois être garnis à leur extrémité d’un petit chapelet formant un anneau de perles aux jolies couleurs.
subit diverses transformations qui l’amenèrent parfois à devenir un véritable objet d’art.
le rouet : Introduit vraisemblablement à Bologne en 1272, il doit son existence à un souci de rentabilité qui amena la mécanisation du fuseau. Il se sompose d’une roue que l’on fit tourner à la main d’abord puis, plus tard, au pied et qui imprime un mouvement de rotation (par le biais d’une courroie de transmission) au fuseau ; celui-ci joue désormais le rôle d’une bobine dont il va prendre la forme.
L’invention du fuseau à volant en U permit de filer et d’embobiner en même temps.
Léonard de Vinci, lui-même, y alla de sa petite invention qui fut reprise quelques temps plus tard. De nombreux modèles aux formes les plus diverses apparurent. Bien que cet appareil permit une plus grande souplesse dans la réalisation de la tâche pour laquelle il avait été conçu, il fut l’objet de nombreuses critiques de la part de certains qui crurent que les fileuses, avec cette pédale, ne respecteraient pas le rythme correspondant aux nécessités du filage. Mais celles-ci ayant désormais leurs deux mains libres pour guider le fil adoptèrent très vite ce nouvel apparail qu’elles jugèrent mieux adapté pour cette fonction.
LE BOBINAGE :
Une fois filé, le lin était mesuré et mis en écheveau. Tâche fastidieuse s’il en fût, elle consistait à enrouler pendant de longues heures le fil réalisé sur les bras d’un dévidoir. La longueur de fil ainsi bobinée était évaluée suivant le nombre de tours que contenait le dévidoir par comptage soit mentalement puis plus tard mécaniquement.
Venait enfin le tissage proprement dit :
- - LE TISSAGE MANUEL :
Principe très simple - entrecroisement de fils disposés parallèlement en long (la chaîne) avec d’autres disposés perpendiculairement (la trame) - il fut mis en application très tôt. Les premiers métiers qui furent d’un usage que l’on peut qualifier de manuel furent constitués d’une armature élémentaire d’où pendait la chaîne qu’un certain nombre de poids maintenaient tendue, le tisserand faisait passer alternativement le fil de trame à la main dessus et dessous le fil de chaîne.
Plus tard , ce fil de trame fut enroulé sur un morceau de bois fuselé, sorte de grande aiguille, pour faciliter la tâche. L’ancêtre de la navette était né.
- - LE TISSAGE MÉCANIQUE :
On obtint un perfectionnement notable lorsque les fils de la chaîne furent partagés en fils pairs et impairs et fixés sur des "lames". En tirant à lui la première lame, le tisserand créait un espace entre ces fils et pouvait faire passer rapidement la navette. Il suffisait alors de tirer la seconde "lame" et de repasser la navette. L’implantation d’une pédale pour animer ces lames produisit un second perfectionnement très sensible.
La mécanisation ultérieure par des forces motrices (moulins à eau, à vent, puis électricité) devait contribuer à bouleverser cette pratique qui s’accompagna de techniques de tissage de plus en plus élaborées.
- LE METIER A TISSER :
Le premier métier à tisser, nous l’avons vu, était fort rudimentaire. Les premières améliorations notables apparurent avec l’avènement des rangées paires et impaires qui permettaient d’accélérer l’opération. Avec le temps, le nombre de lames augmenta compliquant ainsi la structure des objets tissés. Ce fut lorsque ces lames furent actionnées mécaniquement que le plus grand pas fut effectué.
Son évolution :
Le premier métier à tisser horizontal avec peignes et lisses fut construit par les égyptiens au II° millénaire AV J.C. Mais il faudra attendre le XVI° siècle pour envisager la mécanisation de cet outil de travail. Léonard de Vinci, encore lui, y avait pensé. C’est toutefois au français Jacques de Vaucanson que l’on doit la première réalisation bien que celle-ci ne servit jamais (1745).
Les principales étapes seront marquées par :
Le métier à navette volante de l’anglais John Kay (1733). La travail de 4 hommes était désormais effectué par un seul. Philippe de Lassale mit également au point une autre machine à navette volante plus destinée à la fabricaton des voiles et des mousselines de grande dimension.
James Hargreaves (1764) imagina une machine à filer le coton et la baptisa « Spinning Jenny » du prénom de sa fille.
L’anglais Crane et Philippe de Lasalle mirent au point en 1775 un métier qui permettait d’obtenir un tissu indémaillable.
Richard Arkwight, (1768) et Samuel Crompton (1779) l’améliorèrent. Elle devint "Mule-Jenny".
Edmund Cartwright (1785) eut l’idée de construire un métier à tisser mû par une machine à vapeur.
En 1801, Joseph-Marie Jacquard, considéré comme le véritable inventeur du métier à tisser conçoit sa machine et dépose un brevet la même année. La conception reçoit un accueil chaleureux de la part de tous les professionnels et la fabrication en est immédiatement lançée. Révolutionnaire ; son procédé supprimait la travail de 5 « tireurs de lacs » et fit la fortune des fileurs de la région lyonnaise. 30 ans plus tard, ce sera la révolte des Canuts.
Philippe de Girard (1810) conçoit une machine à filer le lin. Il dépose un brevet en 1817 mais sa réalisaton n’obtient pas un gros succès auprès de ses compatriotes. Il cède donc sa machine aux anglais. Quelques années plus tard, c’est pourtant elle qui reviendra et qui permit à la région lilloise de devenir le grand centre français de la filature.
Mais c’est M Boutemy qui achetait de la filasse teillée pour la faire filer à façon et la revendre ensuite en fil qui eut l’idée d’industrialiser ce travail et qui fonda
à Lannoy dans cette région lilloise la première filature de lin en France.
- LE BLANCHIMENT :
« il ne faut pas confondre le blanchiment avec le blanchissage. Le blanchissage n’est que le nettoyage d’un tissu qui a été sali, tandis que le blanchiment a pour objet de donner aux tissus qui viennent d’être fabriqués toute la blancheur qu’ils doivent avoir ... ».
Le blanchiment est l’opération qui suit le tissage dans le cycle de production textile et qui permet d’ennoblir la toile en lui donnant un aspect, un toucher plus flatteur et par voie de conséquence une valeur marchande supérieure.
Jusqu’à la fin du XVIII°, on utilisait le plus souvent l’acide lactique (lait caillé), parfois de la chaux ou de l’acide sulfurique pour parfaire la destruction des matières organiques. Puis les propriétés blanchissantes du chlore furent exploitées, ce qui donnait un pré-blanchissement chimique. La vapeur vint, elle aussi, au secours de cette opération : « Chaptal et Berthollet ont été les premiers à annoncer que, pour le blanchiment du linge, comme pour le blanchiment des toiles et calicots, le lessivage à la vapeur libre et sans pression est le mode le plus salubre, celui qui altère le moins les tissus, tout en donnant les résultats les meilleurs, les plus prompts et les plus économiques ».
Mais la méthode artisanale qui consistait à « soumettre les toiles à l’action de l’oxygène de l’air qui possède comme le chlore, une propriété décolorante et qui achève lentement l’effet du chlorure » avait toujours ses adeptes. Plus longue, il fallait parfois répéter jusqu’à dix fois les mêmes opérations pour obtenir la qualité souhaitée, cette pratique était grosse consommatrice d’eau qu’il s’agisse de production industrielle ou artisanale.
Sur les prés, les toiles devaient être régulièrement arrosées car « Loin d’aimer les rayons du soleil qui sècheraient trop rapidement leurs pièces, les fabricants appellent de tous leurs voeux les pluies fines et surtout les rosées nocturnes qui favorisent l’action de l’air, et le blanchiment n’est jamais plus parfait qu’au printemps et à l’automne ». Il fallait enfin finir le tisssu pour leur donner le luisant nécessaire à la vente : « on humecte les toiles très légèrement d’eau pure pour les assouplir ; on les fait passer au maillocha ge sous des pilons qui les battent et les unissent, et on leur fait acquérir, sous l’action des cylindres » les qualités désirées.
- LA TEINTURE :
Autrefois, la teinture était effectuée en plein air. De l’eau dans laquelle trempaient des teintures végétales était portée en ébullition dans un chaudron suspendu au-dessus d’un feu de bois. Travail particulièrement pénible car il devait se faire dans un climat de chaleur excessive et nécessitait plusieurs heures pour agiter le tissu à l’aide d’un bâton afin que la teinture s’imprègne bien partout de manière homogène.
Les coloris obtenus avec les produits locaux avaient des teintes beaucoup moins criardes que ceux obtenus avec des produits exotiques (indigo, cochenille etc.).
Quelques produits utilisé avec la teinte donnée :
La parmélie et les racines de caiull-lait donnaient le rouge (ainsi que la cochenille).
Le zinnia et certaines fleurs de dalhia donnaient un rouge jaunâtre.
Les feuilles de tanaisie, le bouleau, l’alchemille, le cerfeuil sauvage, la bruyère commune et l’épine verte permettaient d’obtenit différentes nuances de jaune.
Espace Adhérent
Sujets divers
- Du blé au pain
- Evolution de la population à Saint Jean de boiseau
- Inauguration de la restauration du calvaire de la Roche de
- L’Echo de Paimboeuf : 18 décembre 1921
- La justice à travers quelques faits et délits
- La séparation de St Jean et de La Montagne
- La guinguette du "chat qui guette"
- Le jeu de la galoche
- Le lin
- Le moulin Rotard a retrouvé ses ailes
0 | 10