13 mai 1906 : journal "Le Pays de Retz"

mardi 22 mai 2018, par Carmela Pesquer


On nous écrit : "n’ayant pas trouvé à son goût ma façon de répondre à son insolente provocation, ce pauvre Jules, qui règne dans son atelier comme une corniche règne autour d’un plafond, vient d’éprouver le besoin de fixer sur lui l’attention de ses contemporains. Dons, dès lundi matin, Jules s’est mis à ma recherche et, m’ayant rencontré dans l’allée des peupliers, m’a invité, en termes appropriés à son genre de beauté, à le suivre incontinent sur le quai Duquesne, où il voulait, sans plus, me "f... son poing sur la g..." Je ne suis pas l’ennemi d’une douce gaîté ; l’aventure me sembla plaisante, je relevait le défi et nous voilà en route pour le champ clos. Vous voyez d’ici le tableau : quelque chose comme un ballon qui promène un porte-plume ; c’était délirant. Les conditions du combat furent vite arrêtées : je dus cependant insister énergiquement pour limiter le champ que le malheureux voulait reculer jusqu’à la Rondeau, et nous voilà en garde. On sait le reste... Si j’ai eu le désagrément d’essuyer quelques bordées d’injures avec accompagnement de "postillons" plus ou moins musqués, j’ai eu néanmoins la satisfaction de laisser à ce gaga mal élevé un souvenir qu’il aura quelque difficulté à faire entrer dans une musette. Je veux bien prendre acte de la déclaration par laquelle ce mollusque affirme n’avoir jamais de sa vie "insulté une locomotive", mais je le préviens toutefois que s’il réitère sa menace de me "révolvériser" (sait-il seulement bourrer une pipe !), il m’obligera à lui faire réclamer un cautionnement autrement important que celui qu’il versa (?) il y a quelques années, à Toulon, et dont il vaudrait mieux ne pas parler ; pas vrai, mon gros ? Signé : F.M.M.