La guerre 14/18 à Saint-Jean-de-Boiseau
mardi 10 avril 2018, par
Comment les Boiséens ont-ils traversé la grande guerre ? Nous avons tenté de répondre à cette question. Pour cela nous sommes partis du monument aux morts et des 56 poilus qui y sont inscrits et avons fait des recherches dans toutes les archives disponibles pour trouver finalement 73 Boiséens « morts pour la France ».
Liste de ces soldats morts pour la France avec l’année d’incorporation, leur âge en 1914, leur situation de famille et leur profession :
- Albrand Jean - 1917 - 33 ans - Célibataire - Cultivateur
- Beaulieu Joachim - 1914 - 25 ans - Marié - Ouvrier agricole
- Bertin Auguste - 1918 - 22 ans - Célibataire - Mouleur
- Bertin J. Baptiste - 1920 - 42 ans - Célibataire - Cultivateur
- Bertin Marcel Jean - 1918 - 23 ans - Marié - Chaudronnier
- Bodeloche Jean - 1915 - 20 ans - Célibataire - Forgeron
- Bodineau Pierre - 1918 - 20 ans - Célibataire - Modeleur
- Bonnamy Eugène - 1918 - 44 ans - Célibataire - Militaire
- Buaud Jean - 1918 - 19 ans - Célibataire - Mécanicien ajusteur
- Bureau René - 1916 - 24 ans - Célibataire - Cultivateur
- Caillaud François - 1916 - 21 ans - Célibataire - Cultivateur
- Chagnas Donatien - 1914 -22 ans - Célibataire - Cultivateur
- Chagnas Joseph - 1914 - 24 ans - Célibataire - Cultivateur
- Charpentier Henri - 1918 - 31 ans - Marié - Boucher
- Chauvelon François - 1914 - 27 ans - Marié 1 enfant - Cultivateur
- Clavier Auguste - 1916 - 32 ans - Marié - Cultivateur vigneron
- Codet Pierre - 1914 - 27 ans - Célibataire - Ajusteur
- Couillon Henri - 1915 - 27 ans - Marié 1 enfant - Cultivateur
- Colin Alfred - 1914 - 26 ans - Marié - Charpentier-hauteur
- Dago Eugène - 1915 - 24 ans - Célibataire - Ébéniste
- Delaunay Charles - 1915 - 27 ans - Célibataire - Cultivateur. Militaire
- Demangeau Henri - 1916 - 20 ans - Célibataire - Manœuvre
- Demangeau Joseph - 1914 - 25 ans - Célibataire - Cultivateur vigneron
- Douillard Jules - 1914 - 24 ans - Célibataire - Maçon
- Dousset Auguste - 1916 - 36 ans - Marié - Cultivateur
- Dubin Auguste - 1916 - 25 ans - Célibataire - Cultivateur
- Dubin Clément - 1915 - 27 ans - Célibataire - Roulier
- Dupas Francis - 1914 - 27 ans - Célibataire - Sabotier
- Fréor Alfred - 1920 - 20 ans - Célibataire - Marin
- Galais Clément - 1918 - 24 ans - Célibataire - Dessinateur
- Gautier Eugène - 1915 - 36 ans - Célibataire - Maçon
- Gautret René - 1915 - 24 ans - Célibataire - Marin
- Gervier Jean - 1916 - 31 ans - Marié 1 enfant - Cultivateur
- Girard Marcel - 1918 - 33 ans - Marié - Ajusteur
- Girard Maurice - 1917 - 23 ans - Célibataire - Chaudronnier
- Gourdé Mathurin - 1915 - 39 ans - Célibataire - Marin
- Grollier Henri - 1918 - 33 ans - Marié - Arpenteur
- Grosseau Célestin - 1916 - 21 ans - Célibataire - Cultivateur
- Grosseau J. Marie - 1918 - 20 ans - Célibataire - Cultivateur
- Guillet Louis - 1915 - 21 ans - Célibataire - Forgeron
- Guillet Marcel - 1914 - 26 ans - Célibataire - Manœuvre
- Guyet Pierre - 1917 - 22 ans - Célibataire - Jardinier
- Hervé Joseph - 1918 - 18 ans - Célibataire - Cultivateur
- Huet Pierre - 1915 - 36 ans - Marié 3 enfants - Boulanger
- Janvier Pierre - 1915 - 27 ans - Célibataire - Chaudronnier
- Javel Francis - 1918 - 27 ans - Marié - Chaudronnier
- Langlais Jean Emile - 1918 - 23 ans - Célibataire - Charpentier
- Le Brocher Emmanuel - 1917 - 23 ans - Célibataire - Ajusteur
- Le Marec Louis - 1917 - 39 ans - Célibataire - Carrier
- Marais Ferdinand - 1917 - 23 ans - Célibataire - Tourneur sur métaux
- Martin Pierre - 1915 - 23 ans - Célibataire - Serrurier
- Maugan Constant - 1915 - 22 ans - Célibataire - Riveur
- Maugan Julien -1917 - 23 ans - Célibataire - Frappeur
- Mayence Emile -1915 - 28 ans - Célibataire - Maçon
- Mayence Félix - 1915 - 24 ans - Célibataire - Cultivateur
- Mayence Joseph - 1918 - 22 ans - Célibataire - Cultivateur
- Ménard Joseph - 1916 - 38 ans - Marié - Instituteur
- Mocquard Joseph - 1918 - 38 ans - Marié - Forgeron
- Mocquard Philippe - 1914 - 38 ans -Marié 2 enfants - Cultivateur
- Morisson Clément - 1914 - 29 ans - Marié 1 enfant - Meunier
- Nicou Pierre - 1916 - 32 ans - Marié - Menuisier
- Noleau Victor - 1915 - 30 ans - Marié 1 enfant - Maçon
- Nouaille Félix - 1918 - 19 ans - Célibataire - Employé commerce
- Petit Pierre - 1916 - 21 ans - Célibataire - Tonnelier
- Pillet Ernest - 1918 - 32 ans - Célibataire - Ajusteur
- Poiron Louis - 1915 - 36 ans - Célibataire - Carrier
- Poulain Alfred - 1914 - 26 ans - Célibataire - Chaudronnier
- Prin Célestin - 1915 - 39 ans - Célibataire - Cultivateur
- Prin Jean Baptiste - 1917 - 24 ans - Marié 2 enfants - Cultivateur
- Ridet Joseph - 1914 - 27 ans - Marié 1 enfant - Ajusteur
- Thabard Félix - 1915 - 35 ans - Marié 1 enfant - Cultivateur
- Vallet Ferdinand - 1916 - 34 ans - Marié 2 enfants - Maçon
Enfin, un nom inscrit sur le monument aux morts, Galais Félix. La famille de ce soldat vivait bien à Saint-Jean, mais nous n’avons trouvé aucune information sur son parcours militaire…
Sur le front : 1914 : est une année terrible pour Saint-Jean-de-Boiseau qui perd 14 poilus, au bout de seulement 4 mois de guerre… C’est la proportion la plus forte de décès enregistrée pendant le conflit.
1915 : Saint-Jean-de-Boiseau perd 19 de ses concitoyens en 1915, des figures marquantes du bourg comme le boulanger Pierre Huet.
1916 : est l’année d’une bataille restée gravée dans nos mémoires : Verdun. Beaucoup de nos soldats ont connu ces horribles combats car l’armée française a choisi d’organiser des rotations de troupes, alors que côté allemand, ce sont toujours les mêmes unités qui combattent. Cette fois, ce sont les Allemands qui lancent l’offensive. La bataille commence le 21 février et se termine le 19 décembre. 13 Boiséens perdent la vie.
1917 : 8 soldats meurent sur le champ de bataille.
1918 : L’année de l’armistice, enfin. Mais pour les soldats et leur famille, l’enfer continue encore de longs mois. 17 autres soldats décèdent.
D’autres seront prisonniers : 1914 : Eraud Théodore du 22/08/1914 au 24/12/1918 à Swabgmund Bezias Émile du 24/08/1914 au 08/12/1918 à Darmstadt Ardois Émile du 08/09/1914 au 11/05/1917 à Erfurt Chagnas Jean du 17/12/1914 au 21/12/1918 à Wasburg
1915 : François Dominique Herfray du 20/02/1915 au 30/11/1918 à Darmstadt Lesage Pierre du 26/04/1915 au 10/12/1918 à Ebenberg Landau Gabelle Charles du 10/05/1915 au (date non connue) à Munster 3 Delaunay Félix du 26/07/1915 au 15/12/1918 à Munster Langlais Pierre Marie du 25/09/1915 au 09/125/1918 à Heuberg Bréard Jean du 29/09/1915 au 16/01/1917 à Soltau
1916 : Gautret Louis du 07/03/1916 au 16/12/1918 à Darmstadt Thabard Élie du 08/06/1916 au 07/01/1919 au Fort-de-Vaux Giess Griette Pierre Jules du 19/06/1916 au 09/12/1918 à Landau Pras Francis du 05/11/1916 au 11/12/1918 à Limburg
1917 : Bouillard Alfred du 09/03/1918 au 09/10/1918 Chesneau François du 24/04/1918 au 10/12/1918 à Lengensalza Cormerais Julien du 27/05/1918 au 17/10/1919 à Cassel Delaunay Joseph du 09/06/1918 au 12/12/1918
Combien de Boiséens étaient en âge de participer à cette guerre ?
Nos recherches montrent que :
712 garçons sont nés dans la commune entre le 1er janvier 1874 et le 31 décembre 1900
Auxquels il faut ajouter 85 hommes nés ailleurs mais vivant à Saint-Jean-de-Boiseau à la déclaration de guerre
Que sont-ils devenus ?
121 sont décédés avant 1914
55 ont été réformés
19 étaient trop jeunes
273 sont partis au front
94 ont été incorporés à Indret
73 sont morts pour la France
37 ont reçu une médaille ou une citation
19 ont été faits prisonniers
44 ont été blessés
A l’arrière : Malgré la censure, c’est à travers les nombreuses cartes postales et lettres que nous pouvons nous faire une idée de ce que vivaient les soldats et les prisonniers. La préoccupation des familles est de remplacer ces hommes dans les usines (notamment Indret) et aux champs. Les femmes vont donc remplacer les hommes et exercer, pour la première fois de leur histoire, des activités exclusivement masculines jusque-là. Quelques prisonniers allemands viendront en renfort pendant quelques semaines. Les enfants aussi subissent les changements. Les pères sont à la guerre, les mères travaillent... Ils sont souvent livrés à eux-mêmes dans ces années troublées, d’autant que la situation n’est pas reluisante dans les écoles. La presse relate régulièrement des accidents impliquant des enfants. Les restrictions et le mauvais temps augmentent les souffrances mais malgré cela les familles envoient régulièrement des colis à leur soldat.
A la fin de la guerre, 600 000 femmes sont veuves de guerre et 986 000 enfants sont orphelins.
Les réfugiés : 91 familles venant du nord-est de la France et de la Belgique sont réfugiées à Saint-Jean-de-Boiseau. Bien sûr la cohabitation avec la population n’est pas toujours facile et quelques heurts vont se produire. Certains trouvent un emploi mais la plupart des familles vivent des allocations versées par l’Etat ce qui est source de jalousie et que l’on retrouve dans des courriers, souvent anonymes.
Les blessés : Il faut soigner des millions de blessés, organiser les convalescences de ces soldats. De nombreux bâtiments sont donc réquisitionnés, et transformés en hôpitaux temporaires ou en ambulances : écoles, pensionnats, couvents, hôtels, châteaux...
Au Pellerin est ouvert un hôpital temporaire, appelé "l’ambulance du Pellerin". Tout d’abord installé dans l’ancienne école pour filles, rue Aristide Bertreux, cet hôpital, créé à la demande du docteur Gilbert Provost s’installe en septembre 1914 dans une des grandes demeures surplombant la Loire, propriété de Mme Beschard, 12 rue du Château.
Après l’armistice, les communes françaises ont toutes la même préoccupation : Rendre hommage aux disparus en créant un monument aux morts.
Pour Saint-Jean-de-Boiseau, le choix de l’emplacement se porte sur le centre du cimetière, au pied de la grande croix.
Une cérémonie à la fois civile et religieuse est organisée pour l’inauguration du monument.
Dans les années 1980, les intempéries, pluies, froid, font éclater la statue du monument aux morts.
Aujourd’hui, il n’en reste plus que le socle en granit et les plaques commémoratives de chaque côté de la croix. Dans l’église, une autre plaque apposée sur un mur de la nef, reprend le nom des soldats boiséens morts pour la France